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Conflit d’associés : Les amitiés peuvent-elles survivre à l’entrepreneuriat ?

On vous a déjà parlé d’amitiés qui tournent mal, notamment dans l’épisode précédent. Les meilleurs amis sous-estiment souvent la valeur d’une avocate et l’importance de s’appuyer sur elle pour protéger à la fois leur entreprise et leur amitié.

Un début prometteur

Candice et Amaury, tout juste sortis d’école, sont pleins d’idées. Ils sont intelligents, débrouillards, et prêts à tout donner pour leur projet. Ils ont besoin de locaux, d’un peu de trésorerie, de quelques aménagements et de prestataires de confiance. Ils investissent toutes leurs économies.

Candice a plus de liquidités qu’Amaury.

Elle met 30.000 euros dans la société, sous forme de compte courant d’associé.

C’est la trésorerie qui va les aider à démarrer, à attirer des clients, générer du cash et mettre en place une gestion saine. Leur objectif : atteindre un besoin en fonds de roulement négatif, autrement dit, s’assurer que leurs encaissements dépassent leurs décaissements à court terme, afin de pouvoir rembourser Candice rapidement.

Mais… rien n’a été formalisé pour cet apport en compte courant. Y aura-t-il des intérêts à verser à Candice ? Si la société est liquidée, Amaury devra-t-il participer au remboursement ? Ou bien Candice sera-t-elle la grande perdante ? Et si Amaury se retrouve en faute de gestion ou décide de s’enfuir avec la caisse ?

Des questions commencent à se poser : Y a-t-il des clauses dans les statuts concernant le remboursement du compte courant ? Un pacte d’associés pour organiser leurs relations ? Rien. Rien du tout. Nada. Ils avaient bien contacté un avocat pour ces sujets, mais cela leur avait semblé trop cher, alors ils ont préféré faire sans.

Quand rien n’est prévu, c’est le droit commun qui s’applique.

Le conflit éclate : Retrait des fonds et désaccords financiers

Les premiers mois, tout va bien. La jeune entreprise prospère, ils organisent une grande fête d’inauguration, partagent des photos en tant que « best friends » sur les réseaux sociaux. Ils rencontrent des partenaires prometteurs, qu’ils appellent même leurs « poules aux œufs d’or ».

Et puis un jour, Candice se rend compte que ses 30.000 euros sont immobilisés gratuitement, tandis qu’Amaury n’a rien mis. Elle aimerait récupérer son argent pour d’autres projets. Elle en parle à Amaury. Il lui demande d’attendre encore un peu d’autant plus que la boîte connait quelques turbulences et la clientèle baisse un peu. Mais Candice, n’ayant aucune obligation d’attendre, décide de retirer son apport.

C’est le début des frictions entre les deux potes.

Et comme les ennuis arrivent rarement seuls…Le bailleur annonce de lourds travaux de rénovation dans l’immeuble qui vont perturber leur activité, la clientèle commence à fuir à cause des bruits et l’entreprise perd en visibilité à cause des énormes échafaudages qui cachent le travail de branding qu’ils avaient fait.

Puis, leur précieux partenaire, la fameuse « poule aux œufs d’or » ferme sa filiale française après avoir été racheté par un grand groupe.

Malgré les négociations avec le bailleur (car lancer des travaux qui affectent un local commercial n’est pas un point sur lequel on n’a pas la possibilité de se battre également) la trésorerie fond.

La situation dégénère : Quand la trésorerie fond et les tensions explosent

Amaury reproche à Candice d’avoir retiré son apport en compte courant, accusant ce retrait d’être la cause de leurs problèmes financiers et donc de faute de gestion Candice, de son côté, refuse de renflouer la société. Amaury aussi. Leurs disputes deviennent virulentes. Ils se menacent (tout se plaide/soutien même la pire des mauvaises foi d’ailleurs).

Amaury souhaite injecter des fonds pour éviter une liquidation judiciaire, craignant que cela ternisse son CV d’entrepreneur. Candice, elle, n’en a rien à faire : elle préfère mettre fin à cette galère et cherche un emploi en CDI – une liquidation judiciaire ça lui va bien, ça annulera certains prêts qui ne sont pas personnellement garantis.

Pour finalement sortir de cette impasse et trouver un compromis, ils devront débourser quatre fois le coût d’un pacte d’associés, en honoraires d’avocats et formalités diverses.

Ce n’est pas faute de les avoir prévenus.